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Regjistruar: 24/08/2003
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Chapitre 27

Vicissitudes de la primatie illyrienne

Revenons à la primatie Ochride-Justinianée. Canoniquement sa juridiction s’étendait de l’Adriatique à la mer Noire. Mais Léon l’Isaurien, pour qui les affaires ecclésiastiques n’avaient pas de valeur, avait dû par vengeance en détacher les villes du littoral adriatique soumise à son autorité civile et les annexer au siège iconoclaste de Constantinople. Cependant il est sûr que de l’Adriatique à la mer Noire, l’intérieur du pays resta sous la juridiction de la métropole illyrienne, d’abord en vertu de l’accord survenu entre Justinien et le Pape Vigile et surtout maintenant à cause de l’indépendance de la principauté diocléate à l’ouest et du royaume bulgare à l’est.
Avant d’embrasser le christianisme, les rois bulgares ne levaient des soldats que parmi leurs compatriotes païens. Les chrétiens d’Illyrie étaient donc alors politiquement soumis aux rois bulgares, comme aujourd’hui les chrétiens rayas aux padichas ottomans et ils étaient protégés par eux contre les empereurs byzantins. Grâce à la double protection bulgare et diocléate, le primat d’Illyrie gouvernait donc et administrait les églises conformément aux anciens canons, et, au besoin, conformément aux ordres qu’il recevait du pape avec lequel jamais aucun des rois bulgares n’eut le moindre débat, au lieu qu’il en avait tous les jours avec les empereurs byzantins. Finalement les Bulgares euxmêmes se convertissent et c’est au pape que s’adresse leur roi Boris. C’est aussi, témoignent les archives bulgaro-valaques, au siège apostolique que s’adressèrent les principaux successeurs de Boris pour avoir une couronne impériale.
Les archives romaines ayant été détruites au milieu des désordres du dixième et du onzième siècle, Innocent III pria Jeannitch (Hassen) de consulter ses archives pour ce qui concernait les rapports des rois bulgaro-valaques avec le siège apostolique: “Or on voit par nos archives,” répond Jeannitch, “que mes prédécesseurs, Siméon, Pierre et Samuel, avaient reçu du siège de Saint Pierre une couronne impériale et une bénédiction apostolique, couronne et bénédiction que moi-même je vous demande aujourd’hui.”
De là il résulte donc que tous les pays relevant de la primatie Ochride-Justinianée et politiquement soumis, les uns aux princes diocléates (illyriens), les autres aux rois bulgaro-valaques et bulgaroalbanais, n’étaient pas seulement catholiques par intermittence comme les Grecs, mais qu’ils restèrent catholiques jusqu’en 1017, alors qu’à Byzance, empereurs et patriarches flottaient à tout vent de doctrine.
Enfin en 1017, Basile Bulgaroctone (l’égorgeur de Bulgares et d’Albano-Valaques) réoccupe, aidé par les Russes, les pays qui depuis 640, c’est-à-dire environ quatre siècles, ne relevaient plus de Byzance. Et alors que voyons-nous? Que se passe-t-il?
Basile n’ose pas toucher à l’assiette des impôts. “Comme au temps de Samuel,” disent les auteurs byzantins, “chaque charrue continue à payer un boisseau de blé, un de millet et une mesure de vin.”
Quant à la constitution religieuse on voit par l’extrait du chrysobule publié par Rhallis et Pottes, chrysobule dont une copie complète se trouve au Mont Sinaï, qu’il ne soumit pas la Primatie d’Illyrie au siège de Byzance.
Mais plus tard en 1040 un soulèvement général éclate parmi les peuples jadis soumis aux rois bulgaro-valaques. La cause en fut la perception des impôts. On les avait toujours perçus en nature et maintenant le grand eunuque de l’empereur grec veut les faire percevoir en argent.
Ayant appris que partout on n’attend qu’un chef pour prendre les armes, le Valaque Docéano s’enfuit de Constantinople, appelle aux armes les Valaques de Serbie, réunit des troupes, s’empare de Niche et d’Uscup (Scopia), et court en Albanie. On allait se battre dans le bassin des Dibres quand le commandant de Durazzo, Basile Synadene, reçoit son changement. On lui avait substitué Michel Dermocaïte qui engage la bataille et se fait battre.
La Macédoine et l’Albanie, l’Epire et la Thessalie se donnent alors au vainqueur qui envoie 40,000 hommes pour assiéger Salonique. En avait-il été d’Alusien, fils de Jean Vladislas, comme de son père? En d’autres termes était-ce un agent byzantin? Toujours est-il qu’après s’être laissé battre à Salonique, il saisit traîtreusement Docéano, lui crève les yeux et le livre aux Grecs (1041).

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Mesazh i vjetër 18 Maj 2007 20:50
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Regjistruar: 24/08/2003
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Chapitre 28

Le schisme grec ne fut qu’une intrigue odieuse pour détacher l’Illyrie de Rome et l’attacher à Byzance - examen des prétextes gréco-byzantins

Au point de vue politique, l’aventure de Docéano avait donc été malheureuse. Au point de vue religieuse, elle eut des conséquences désastreuses, conséquences que le pays ressent encore. Car les Byzantins en prirent occasion d’installer un Byzantin sur le siège illyrien de Ochride-Justinianée. Or ce Byzantin, cet agent politique couvert de l’habit d’archevêque, n’installera pas seulement d’autres agents byzantins sur les sièges relevant de cette primatie, il détachera aussi du siège apostolique le pays qu’habitent les Bulgares, les Albanais et les Roumains macédoniens.
Et maintenant comment va s’opérer une révolution pareille? Subitement annexer au siège de Constantinople des sièges qui en avaient jusqu’ici toujours été séparés, parut une entreprise d’autant plus ardue qu’ils étaient plus nombreux, et que le peuple illyrien détestait plus les Grecs.
Donc pour hâter l’heure où cette annexion sera possible, on calomniera le pape, on supposera un abîme entre Rome et la Bulgarie, entre l’église latine et l’église grecque. Sur tous les tons on criera que l’église grecque est dans le vrai, et l’église latine dans le faux, que pour être vraiment orthodoxes tous les peuples d’Illyrie: Albanais, Valaques, Bulgares, Roumains, doivent se ranger du côté des Grecs dogmatiquement et disciplinairement.
Tel était le plan que Byzance tenait en réserve, plan que Léon de Byzance, surnommé Léon d’Ochride, et Michel Cérulaire vont exécuter de leur mieux. Réussiront-ils? Non, car le moindre de leur soucis est de consulter celui aux mains de qui se trouvent les destinées humaines. Et par ce qu’ils entreprennent de se passer de lui à cet instant le même Dieu fait surgir à l’est et à l’ouest deux peuples qui vengèrent Dieu et son église: les Normands qui chasseront les Grecs d’Italie, et les Seldjoukides qui les chasseront d’Asie Mineure. Que les Grecs fassent encore une folie, et alors nous verrons surgir du milieu de la Galatie les Ottomano-Galates qui les expulseront même de Constantinople. Tant il est vrai qu’en religion plus qu’en toute autre chose, il ne faut pas compter sans Dieu.
Au reste le christianisme ne serait pas une religion vraiment catholique s’il ne variait dans sa forme extérieure et ne s’adaptait pas aux goûts particuliers de chaque peuple. Les Illyrico-Romains, ayant toujours été chrétiens depuis Jésus Christ, il y a donc toujours eu chez eux tels et tels usages qu’on ne voyait pas ailleurs et qui ne les empêchaient pas d’être chrétiens.
Leurs anciennes églises, par exemple, telles que Saint Clément d’Ochride, l’église de Saint Naoum et plusieurs églises du Varoch à Perlepé en sont la preuve indéniable. Il est aussi de toute évidence que dans Saint Clément, les offices n’ont pu se célébrer comme dans Sainte Sophia. La Sainte Sophia du sectaire Léon comparée à l’église de Saint Clément, ne dénote pas seulement une innovation architecturale, elle prouve aussi des innovations liturgiques.
De la part de Michel et de Léon, ce fut donc une sottise bien grossière de baser leur schismesur telle ou telle uniformité religieuse qui n’a jamais existé et qui, vu les hommes, est radicalement impossible.
Mais combien leur sottise devient plus odieuse et leur ignorance plus crasse quand on voit Byzance, une ville construite au quatrième siècle, vouloir en démontrer à l’ancienne Rome, et surtout quand on voit les Grecs: 1. reprocher aux Latins de faire comme les Juifs, comme si la Sainte Vierge et les douze apôtres n’avaient pas été Juifs, et n’avaient pas vécu en Juifs; 2. prétendre qu’en temps d’azyme (Math. 26. 17), le Juif Jésus Christ a pu consacrer autrement qu’avec des azymes; 3. attacher le caractère sacerdotal à la longueur de la barbe comme si les Grecs eux-mêmes n’avaient pas souvent élevé des eunuques imberbes, des spanoi, sur leur siège patriarcal; 4. empêcher de jeûner tous les jours, voir même le samedi, ceux qui en ont la dévotion; 5. ne vouloir pas qu’on dise allelluia (c’est-à-dire ‘louons Dieu’) en tout temps; 6. déblatérer contre le célibat des prêtres comme si d’après l’Evangile (Math. 19.29), quitter sa femme pour Jésus Christ n’était pas une bonne oeuvre, comme si n’en prendre pas une afin de mieux servir Dieu et le prochain n’était pas un acte plus parfait encore, comme si enfin les auteurs grecs ne disaient pas qu’en Macédoine et en Albanie tous les prêtres et les diacres étaient primitivement célibataires.
Devons-nous encore ramasser le vieux chiffon du filioque que Léon d’Ochride et Michel Cérulaire viennent d’emprunter à Photius, car où trouver une sottise qui montre chez les Grecs moins d’intelligence, moins de génie. Il est évident que si le Saint Esprit procède, comme ils disent, uniquement du Père, il y aura trois natures en Dieu, et les chrétiens adorateurs de trois natures divines ne seront plus monothéistes, ils seront idolâtres.
Jésus Christ en effet dit aux apôtres: “Je vous enverrai le Saint Esprit qui procède du Père.” Mais il ne dit pas du Père seul. Ce sont les Grecs qui ajoutent ce mot à l’Evangile et qui retranchent du symbole l’omooussion to Patri que les Pères y ont mis.
Si on dit que le Saint Esprit procède du Père et du Fils, on tire seulement la conséquence logique de l’omooussion to Patri. Mais si on dit qu’il procède seulement du Père, l’omooussion est de trop dans les symboles, comme aussi l’ego et pater en esmen est de trop dans l’Evangile.
On tient les Grecs pour des hommes d’esprit. Quand est-ce qu’on les prendra pour des sots? On les prend pour des orthodoxes. Quand estce qu’on les prendra pour des idolâtres?
Le schisme grec s’est dont fait en deux coups. Il a eu deux étapes: 1. détacher les Bulgares du siège apostolique; 2. en détacher l’Illyrie.

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Mesazh i vjetër 18 Maj 2007 20:53
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Chapitre 29

Résultats du schisme grec pour les Valaques, les Albanais et les Bulgares -pas de patriotisme, pas de littérature

Tels furent les prétextes que les Grecs mirent en avant non pas, comme on a dit, pour séparer les églises puisqu’eux-mêmes, témoigne l’histoire, n’ont jamais été ni véritablement orthodoxes, ni véritablement chrétiens, mais pour asseoir mieux leur autorité précaire sur les Valaques, les Albanais et les Bulgares. Toujours les populations illyriennes avaient été soumises à leur clergé propre, et par là même que Rome sanctionnait l’élection du primat qu’on se donnait, elle approuvait les usages particuliers à l’Eglise d’Illyrie.
Mais ceci ne faisait pas le compte de la politique byzantine. Pour asseoir mieux un joug qu’on supportait avec impatience, elle imposa à cette église malheureuse un primat impérial de son acabit. Et par ce primat intrus d’une part, de l’autre par les évêques que cet intrus mettait sur les sièges illyriennes, les Grecs firent croire aux Bulgares, aux Valaques et aux Albanais que tout ce qui n’est pas grec n’est pas chrétien.
En même temps que peu à peu on faisait ainsi les idées du pays, on avait grand soin d’empêcher que les envoyés de Rome y pénétrassent, ou qu’un membre du clergé illyrien allât à Rome.
Ajoutez qu’on détruisit avec un soin extrême les archives de la primatie illyrienne et toutes les pièces relatives aux rapports canoniques qu’elle avait eus jusqu’ici avec le siège de Saint Pierre.
Quel a été l’inévitable résultat de cet état de choses? Les Valaques, les Albanais et les Bulgares ont perdu cet esprit de fraternité que le christianisme inspire à tous les hommes, tout en formant peu à peu les nations. Puis au lieu de cultiver leur propre idiome, ils ont, par fanatisme, cultivé le grec. Encore aujourd’hui ne sont-ce pas des Valaques, des Albanais et des Bulgares qui écrivent le plus en romaïka ou grec macaronique comme disait le Valaque Boyadji de Moschopolis.
Cependant que voyons-nous ailleurs? Que se passe-t-il en Europe grâce au véritable esprit chrétien qui voit dans la culture des lettres moins une affaire de goût philologique et personnel qu’une affaire d’utilité publique? D’intérêt national,chaque nation chrétienne a cultivé sa propre langue et l’a enrichie d’une précieuse littérature.
Seuls en Europe, les Valaques, les Albanais et les Bulgares que les Grecs ont arrachés du catholicisme et qu’ils ont astucieusement parqués dans leur orbite, n’ont pas de littérature à eux. Plus malheureux que tous les autres, les Albanais n’ont même pas d’alphabet et ne savent comment écrire leur propre langue.
Vu cependant que l’instruction est devenue un besoin universel, nous avons la race albano-valaque en assez haute estime pour croire qu’elle aussi ouvrira les yeux, rougira de son effondrement politique et que, au lieu de laisser par testament ou par donation des fonds aux écoles parasites de la Grèce, on les consacrera à la fondation d’écoles nationales et à l’impression de livres nécessaires au peuple de ce pays.

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Mesazh i vjetër 18 Maj 2007 20:59
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Chapitre 30

Coup d’oeil rétrospectif

La conquête par les Romains de la presqu’île illyrienne avait été un acte douloureux, mais au fond elle n’avait pas été un mal. En Albanie, il y avait deux rois, en Macédoine il y en avait un, en Thrace il y en avait plusieurs. Il y en avait encore plusieurs autres de Belgrade à Salone en Dalmatie. Or sous l’épée des Romains, ces royaumes disparurent et leurs habitants ne formèrent plus qu’un seul tout. On prétend qu’ils appartenaient tous à diverses couches de la même race. C’est très probable, et alors politiquement la conquête n’en aura que mieux valu.
Un Albanais, Dioclétien avait compris qu’attaqué de partout, l’empire romain ne pouvait résister à tant d’ennemis et, sans diviser l’autorité centrale, il divisa les commandements. Constantin pensa ensuite que le bien général exigeait plus, et qu’il fallait diviser même le pays de manière que chaque groupe de population se suffise à lui-même. Illyrien de naissance, il fait donc un seul état de l’Illyrie romanisée, c’est-à-dire de la Thrace, de la Mésie, de l’Albanie et de la Macédoine au centre, de la Dacie au nord et de la Grèce au sud.
Mais un tel partage déplut à la faction gréco-arienne de Byzance qui avait pour organe Eusèbe de Nicomédie. Dalinace, prince d’Illyrie, fut donc égorgé à Byzance par la faction gréco-arienne. Et l’arien Constance s’attribua aussitôt la Thrace et la Mésie inférieure. Constantin et Constant, ses frères, exigèrent le reste. Nouveau partage à la mort de Théodose entre ses deux fils, Arcadius et Honorius. Arcadius devait n’avoir qu’une partie de la presqu’île illyrienne, mais il se l’attribua toute entière.
C’était encore un malheur pour le pays, malheur auquel la politique byzantine mettra bientôt le comble. Car au lieu de maintenir dans le pays l’armée recrutée dans le pays même, elle l’enverra tantôt sur l’Euphrate tantôt ailleurs. Qu’arrivera-t-il? Trouvant la frontière découverte, les Goths, les Huns et les Avares en profiteront pour ravager le pays, égorger une partie de la population et traîner l’autre au-delà du Danube.
Le pays étant presqu’inhabité, les Slaves s’y jetèrent en masse. Seule l’Albanie devra à ses montagnes stériles et à ses gorges étroites de garder ses habitants, les uns Valaques, les autres Albanais. D’autres encore, mais en nombre inférieur, se conserveront dans les anfractuosités du Rhodope et des Balcans. Ce sont les Pomacs.
Le reste du pays sera couvert par les tribus slaves que la tribu guerrière des Turco-Bulgares vient heureusement protéger contre les Grecs.
Mais les Bulgares n’étaient pas instruits, et sans les Valaques restés dans les montagnes au temps des invasions, ils eussent été facilement victimes de l’astuce byzantine. Après avoir donc servi aux Bulgares de conseillers et de secrétaires, les Valaques mésiens les initieront peu à peu aux principes de la religion chrétienne et les dirigeront vers les cours de Rome et d’Allemagne.
Les Bulgares étant devenus catholiques, leur position en Illyrie ne s’en trouve pas seulement consolidée. Leur influence devient telle que, déjà assailli par les Arabes à l’est et au sud, l’empire byzantin se trouve un moment à leur discrétion.
Mais voilà que Boris descend du trône de Bulgarie au moment où Basile monte sur celui de Byzance. Inutile d’ajouter qu’aussitôt les rôles changent. D’abord un roi bulgare veut ramener son peuple au paganisme. Un autre se tourne vers Byzance et reçoit de Basile l’argent à pleines mains.
Or, grâce à l’argent déjà répandu en Bulgarie, grâce encore à l’argent que Byzance mettra dans la poche des ambassadeurs bulgares qu’elle fait envoyer au huitième concile oecuménique, on éconduit les évêques et les prêtres amenés de Romeet on permet aux Grecs d’inonder le pays d’évêques, de prêtres et de moines, tous plus tarés les uns que les autres, et tous plus occupés d’espionnage que de fondations religieuses.
Vainement le pape réclame auprès de la cour bulgare et auprès de la cour de Byzance. Aux Bulgares il disait: “Ne vous fiez pas aux Grecs, ils en veulent à votre royaume.” Aux Grecs il disait: “Vous n’avez déjà que trop fait de sottises et trop fabriqué d’hérésies.”
Les réclamations ne furent pas écoutées même des Bulgares, et le virus byzantin continua à ruiner leurs pays. Cependant une réaction passagère eut lieu lorsque Siméon demanda compte à Byzance des injustices faites aux négociants bulgares.
Mais voilà qu’aussitôt l’empereur grec appelle les Hongrois non chrétiens à son secours. Attaqués alors par les Grecs au sud, par les Hongrois au nord, le royaume bulgare ne fut sauvé que par les Patzinaces ou Petchenègues (904).
A la mort de Siméon (941), la Bulgarie n’avait pas seulement un clergé national, elle était aussi politiquement indépendante des Grecs. Mais Pierre recherche leur amitié. Il en vient jusqu’à épouser une Grecque. C’est alors que s’ouvre une ère de malheurs, et les malheurs qui accablent en 971 le royaume de Preslava, accableront celui de Prespa en 1017.
N’ayant plus alors ni rois ni chefs civils, les peuples illyriens jusqu’ici protégés par les rois bulgares perdront bientôt même leur chefs religieux (1043), car on ne peut donner le nom de primat à l’espion mitré que la cour byzantine entretiendra à Ochride jusqu’à l’arrivée des Ottomans.
Privés alors de chefs civils et de chefs religieux, dépouillés même de leurs écoles et de leur liturgie, jouets perpétuels des intrigues ourdies soit par les Phanariotes à la cour grecque, soit à la cour ottomane, Valaques, Albanais et Bulgares achèveront de perdre ce qu’il y avait chez eux de patriotisme et de vie spirituelle.

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Mesazh i vjetër 18 Maj 2007 21:02
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Regjistruar: 24/08/2003
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Mesazhe: 371

Chapitre 31

Les troupes du Bas-Empire qualifiées de macédoniennes étaient recrutées parmi les Albano-Valaques de Macédoine et d’Albanie

Le nom de Valaques dont ailleurs nous croyons avoir expliqué l’origine plus convenablement qu’on ait fait encore, n’est pas le nom que les Valaques illyriens se donnaient eux-mêmes, ou qu’on leur donnait sous le Bas-Empire. Devenus Grecs et ne connaissant plus un mot de la langue romaine, les Gréco-Byzantins ont néanmoins frauduleusement gardé le nom de Roumains bien des siècles durant.
Le Beau, dans son histoire du Bas-Empire, fait lui-même au sujet du titre d’empereur romain qu’Alexis Comnène reçut de Michel Cérulaire, la remarque suivante: “Malgré leur avilissement, les Grecs n’ont cessé de se qualifier de Romains jusqu’à la destruction totale de leur empire. Actuellement encore les anciennes provinces de Macédoine et de Thrace se nomment Roumélie, et une partie de l’Asie turque se nomme pays de Roum.” La cour de Byzance gardant pour elle-même un nomqui ne lui appartenait pas, par quel nom a-t-elle pu désigner les vrais Romains? Or, la première fois que le nom de Valaque paraît sous la plume d’un auteur byzantin, ce n’est pas sous la plume d’un auteur grave, mais bien sous la plume de la frivole Comnène en 1082, et en 1091. Donné aux vrais Romains par un pareil auteur, le nom de Valaques équivaut à un sobriquet méprisant.
Vu cependant qu’à la susdite époque une Comnène nous signale la présence de Valaques en Thessalie et en Thrace, et que par conséquent ils y étaient nombreux, on se demande par quel nom les faux Romains de Byzance désignaient les vrais Romains du Rhodope, du Pinde et même de Serbie (entre la Morava et le Danube), qui sont là, eux aussi, depuis l’époque romaine.
Or, bien avant Anne Comnène qui fait recruter des troupes aux Byzantins parmi les Valaques et les Bulgares du Rhodope, nous trouvons des corps de troupes byzantines qualifiées non pas de romaines mais de troupes de légions macédoniennes, bulgares et étrangères (franques ou varanques).
Cédrène par exemple nous dit que avant sa mort (1054), Constantin Monomaque avait transféré en Orient toutes les légions macédoniennes et qu’à l’exception de Bryenne, tous les commandants étaient macédoniens. Car, ajoute-t-il, le bruit courait parmi les Turcs que dans les destins, la nation turque ne pourrait être vaincue que par une armée semblable à celle avec laquelle le Macédonien Alexandre avait vaincu la Perse” (Edition Migne, col. 705).
Plus loins, Cédrène dit qu’au moment où l’intendant Opsara fit crever les yeux à Bryenne (1057), ce général commandait la nombreuse armée macédonienne (col. 709).
Parlant ensuite d’une bataille livrée aux Turcs, Cédrène dit qu’il y périt de la part des Grecs une grande multitude particulièrement de Macédoniens (col. 714).
Ailleurs Cédrène parle de Basile Tarkhaniote (Tarquin), général des troupes d’Occident, et il dit que “ce général surpassait de beaucoup tous les autres Macédoniens par sa race, sa prudence, son expérience et son autorité” (col. 713).
Enfin nous apprenons de Jean Scylitzès, contemporain de ce qu’il raconte, “qu’arrivé à Dyrrachium (Durazzo), Nicéphore Basilace recruta une armée dans tous les environs, et qu’à la tête de cette armée composée de Francs, de Roumains (Valaques), de Bulgares et d’Albanais, il se dirigea vers Salonique” (col. 767).
Or, il n’y a jamais eu de Grecs aux environs de Durazzo, il n’y en a pas eu non plus en Macédoine. Encore aujourd’hui toute la population y est ou valaque ou albanaise. Il résulte donc de ce qui précède que les troupes dites macédoniennes chez les chroniqueurs byzantins étaient exclusivement recrutées en Macédoine et en Albanie, et qu’on qualifiait indistinctement de macédoniennes les troupes recrutées parmi les Valaques et les Albanais, ces peuples étant mêlés et souvent ensemble depuis l’époque romaine.
On voit donc que si d’une part, attirés par l’appât d’une forte paye, Valaques et Albanais se sont enrôlés sous les drapeaux du Bas-Empire, d’autre part ils ont été qualifiés de troupes romaines ou macédoniennes, mais non de troupes grecques. Tant il est vrai que les Gréco-Byzantins n’ont pu eux-mêmes conserver quelque prestige, quelqu’autorité en Albanie, qu’à la condition de se qualifier eux-mêmes de Romains.
Et cela devait être car nous voyonspar Benjamin de Tudelle qu’à l’époque où il parcourut la Grèce et la Thessalie, les Valaques dépouillaient seulement les Juifs, mais qu’ils égorgeaient impitoyablement tout Grec qui leur tombait entre les mains (1160-1170).
Et le témoignage du Juif Benjamin de Tudelle n’est pas le seul que nous puissions alléguer. Parlant des émissaires que les deux Valaques Pierre et Hassan envoyaient de toute part afin de soulever le pays, le Grec Nicétas dit: “Ils criaient qu’il fallait tuer tous les Romains (Gréco-Byzantins) sans en garder ni sans en vendre aucun, et sans être touché de compassion pour eux.”
On voit aussi par Nicétas que les Valaques ou vrais Romains avaient pour les Grecs plus d’antipathie que les Bulgares eux-mêmes. Car non seulement c’est par eux que débuta la fameuse révolte de 1185, mais encore ils réunissaient tous les démoniaques, et leur faisaient crier dans une église de Saint Démétrius: “Dieu a pour agréable que les Valaques et les Bulgares se mettent en liberté. Saint Demetrius a quitté les Grecs, il est venu chez nous pour nous assurer la victoire. Aux armes donc, et n’épargnez pas un seul Romain (Gréco-Byzantin).”
Quant aux Byzantins, un passage de Pachymère va nous dire combien eux-mêmes en 1282 ils se défiaient des Valaques et quel mal ils leurs faisaient, le cas échéant.
Les Valaques, dit ce chroniqueur, s’étaient répandus depuis les faubourgs de Constantinople jusqu’à Byzie et plus loin. Devenus très nombreux, ils se plaisaient à vivre dans les lieux inaccessible où ils nourrissaient des troupeaux et, parce qu’ils aimaient les armes, ils étaient suspects de pouvoir se joindre aux Scythes (Moldovalaques).
C’est pourquoi l’empereur Andronique le vieux les transféra en Orient de l’autre côté de la mer et les chargea d’impôts, ce qui leur fut tout à fait préjudiciable et ruineux. Car bien que les impôts les incommodassent extrêmement, la translation leur causa encore de plus notables dommages. “Ils perdirent une infinité de meubles dont les uns ne pouvant être transportés étaient ou volés ou achetés à vil prix. Ils perdirent aussi une quantité de bestiaux qui moururent des rigueurs du froid. Enfin quand ils furent dans une nouvelle demeure, ne pouvant s’accoutumer à l’air, les plus accommodés achetèrent la permission de revenir dans leurs lieux de naissance.” (Pachymère, liv. 7, ch. 37).

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Chapitre 32

Robert Guiscard et Alexis Comnène en Albanie - Guiscard vole au secours du pape - vainqueur des Vénitiens et des Grec, il meurt

Reprenons maintenant l’histoire d’Albanie. A l’époque où en est cette esquisse historique, les Grecs n’ont heureusement plus rien en Italie. Avec Bari, ils y ont perdu la dernière de leurs possessions en 1071. En Asie Mineure, ils vont encore perdre Nicée (1076) et ils n’y auront plus que des places fortes rares et dispersées, et d’autant plus incapables de résistance qu’elles ne peuvent se prêter un mutuel secours.
A tant de malheurs va maintenant se joindre une guerre acharnée et implacable, dont l’Albanie sera le théâtre.
En voici la cause. Robert Guiscard, chef des Normands italiens, avait envoyé sa fille Hélène à Constantinople. Michel Parapinace, ou rogneur de boisseaux, l’avait demandée pour son fils Constantin. Mais ensuite, Michel est détrôné et la Normande Hélène jetée en prison.
Au bruit des préparatifs de guerre que faisait le père, Alexis Comnène se hâte de l’en faire sortir. Mais la satisfaction ne parut pas suffisante à Robert Guiscard. D’ailleurs elle venait trop tard. Une armée de 30,000 hommes et une flotte de 150 voiles allaient débarquer en Albanie.
Et, en effet, peu de temps suffirent à Robert pour occuper l’île de Corfou, et à Bohémond, son fils, pour enlever aux Grecs Buthroton (Buthrinto), Avlone, Canine, et d’autres places. Finalement toutes les forces normandes se trouvent le 15 juillet réunies autour de Durazzo (1081).
La place était forte, aucune provision ne lui manquait. Sa garnison était composée de Valaques, d’Albanais et de troupes étrangères commandées par Georges Paléologue et l’Albanais Comiscorte. En un mot, tout avait été prévu pour un long siège.
Déjà on s’était battu sur terre et sur mer plusieurs mois durant, et sur mer, quoique aidée par Raguse, la flotte normande avait été presque anéantie par la flotte gréco-venitienne quand une armée de 90,000 sous les ordres d’Alexis paraît sur les hauteurs environnantes. A ce moment, il ne restait à Robert que 15,000 hommes. Mais héros luimême, il commandait à des héros. Sans hésiter un moment, il accepte et gagne la bataille que l’empereur grec lui présente.
Six mille Grecs restèrent sur le champ de bataille, et peu s’en faillit qu’Alexis lui-même ne tombât aux mains des Normands.
Il se sauva néanmoins, grâce à la vigueur de son cheval. Mais il perdit sa croix d’airain, et les Normands ne voulurent pas la rendre. Cette croix avait été faite sur le modèle de celle que Constantin avait aperçue au ciel avant la bataille contre Maxence sous les murs de Rome, et les Grecs y attachaient un grand prix.
Ce fut donc pas sans peine qu’Alexis échappa à Robert, ni sans danger qu’il atteignit Ochride. D’Ochride il court à Dévol (Gortcha), y réunit les débris de son armée et va à Constantinople demander aux Turcs de nouveaux secours.
Robert lui-même ne prend pas son temps. Vu que la saison est avancée et ne permet pas de grandes opérations, il envoie une partie de ses troupes à Janina et garde les autres à Durazzo. Bientôt, faute de vivres, Durazzo se rend, et Bohémond lui-même bat deux fois les Grecs, à Janina d’abord et à l’Arta ensuite.
La saison devenue favorable, Robert et Bohémond gravissent les montagnes du Pinde. En un clin d’oeil, et comme en galopant l’un et l’autre, ils enlèvent Ochride, Perlepé, Uscup (Scopia), Castoria, Meglène, Vodena, Caraveria et Larisse.
Cependant, Robert est appelé en Italie où, à l’instigation de l’empereur grec, celui d’Allemagne assiège le pape dans Rome. En Italie, Robert délivre le pape, et en Thessalie, Bohémond remporte une victoire nouvelle sur les Gréco-Turcs d’Alexis Comnène. Mais son armée se mutine ensuite faute de paye, et pendant qu’il va chercher de l’argent en Italie, Alexis lui achète la garnison de Castoria.
Ces deux fâcheuses nouvelles affligent Robert, mais ne le découragent pas. A la tête de nouvelles troupes, il s’embarque pour l’Albanie. Les Gréco-Venitiens ayant voulu l’arrêter au passage, Robert leur tue 13,000 et coule une partie de leur flotte. Mais bientôt après, une affreuse maladie éclate dans son armée, et lui-même se voit emporté par une fièvre ardente (1085).

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Chapitre 33

Les Turcs dans les armées grecques - les Grecs provoquent une croisade contre les Turcs - les croisés en Albanie - les Valaco-Patzinaces de Meglène

Dans les guerres pour monter sur le trône de Byzance, d’abord avec Nicéphore Bryenne, ensuite avec Basilace, Alexis Comnène eut toujours un corps de troupes turques. Il en avait donc à Calavria contre Bryenne et au Vardar contre Basilace. Il en eut encore à Durazzo contre Robert Guiscard. Enfin nous lui en trouvons sept mille en Thessalie contre Bohémond. Et voilà qu’après avoir toujours employé des Turcs contre les chrétiens, il implore maintenant contre eux le secours des chrétiens d’Europe et provoque les croisades.
Dans sa lettre au comte de Flandre et à tous les princes chrétiens, “il dépeint sous les plus vives couleurs, les horreurs exercées par les musulmans sur les hommes de tout sexe et de toute profession. Il représente toute l’Asie courbée sous le joug des infidèles. Il préfère voir Constantinople soumise aux Latins qu’aux infidèles car, ajoute-t-il, les Latins respecteront les églises et les saintes reliques. Enfin, pour mieux engager l’Occident à ne pas laisser Constantinople tomber aux mains des infidèles, il étale avec emphase les trésors de cette grande ville” (Le Beau, liv. 83, ch. 18).
Pour un malheur, l’Occident entendit la voix des Grecs. A leurs cris de détresse, on se leva partout, et les croisades eurent lieu. Les Grecs les ont donc voulues. Ils les ont provoquées et pourtant il n’en est pas une seule que traîtreusement ils n’aient fait échouer.
Tous nos malheureux croisés ne se rendirent pas à Constantinople par le même chemin. Ceux du nord y vinrent par la Bulgarie et ceux du midi par l’Albanie. Parmi ces derniers on compte le fameux Bohémond et le non moins fameux Tancrède, son cousin. Il amenait 10,000 hommes de cavalerie et une infanterie nombreuse. Il se défiait des Grecs, et nous voyons en effet que pour traverser le Bas-Empire, il dut se frayer un passage, les armes à la main. Arrêté au Vardar par une armée grecque, il dut l’écraser pour aller en avant.
Au nombre des croisés qui traversèrent l’Albanie, nous trouvons encore Hugues de Vermandois, frère du roi de France. Jeté par la tempête sur les côtes d’Albanie, il tombe aux mains des Grecs qui le conduisent prisonnier à Constantinople. Pour le faire mettre en liberté, Godefroi dut saccager tous les environs d’Andrinople, et menacer Constantinople d’un semblable traitement.
Raymond, comte de Toulouse, traverse encore l’Albanie. Il conduisait 100,000 hommes au secours de la Terre Sainte, et il en eut besoin pour atteindre le Bosphore. Aussi bien dut-il opposer la force à la ruse des Gréco-Byzantins. Tout autre avait été la conduite du Duc de Scodra à l’approche de Raymond. Il vient à sa rencontre, lui procure des provisions et fait alliance avec lui (1097). Ailleurs nous avons dit que Scodra et Dioclée formaient un duché à part.
Nouvelle croisade en 1147. Comptant l’un et l’autre sur les promesses de l’empereur grec, Conrad et Louis VII se mettent en route, le premier à la tête des Allemands, le second à la tête des Français. Inutile d’ajouter qu’elle échoue complètement et qu’à peu d’exception près tous les croisés périrent. Sans doute qu’il y eut des fautes commises, mais la plus grande fut d’avoir compté sur la parole des Grecs et de s’être fié à leurs guides. “Car,” dit le Grec Nicétas, “il n’y eut pas sorte de méchanceté que Manuel ne fit aux croisés et n’ordonnât de leur faire, pour servir d’exemple à leurs descendants et les détourner de venir sur les terres de l’empire.”
En 1091, six ans avant la première croisade, Byzance colonisa le district de Meglène avec ceux des Valaques qui avaient survécu au massacre de Lébune. Encore aujourd’hui, ces colons qualifiés de Patzinaces ou Petchenègues par les chroniqueurs du Bas-Empire ne parlent que le Valaque danubien. Plus tard nous parlerons de leur apostasie.
Pour le moment disons en peu de mots ce qui s’était passé à Lébune.
Ceux que les chroniqueurs grecs qualifient de Patzinaces, mais qui pour la plupart étaient de vrais Roumains, habitaient les deux rives du bas Danube, lorsqu’un Paulicien surnommé le Bègue, établi au château de Béliatova dans les Balcans, s’offrit à les conduire dans la Thrace. Les Grecs guerroyaient alors contre les Turcs établis à Nicée.
Les Valaco-Patzinaces furent d’abord vaincus, mais ils remportèrent ensuite une grande victoire sur l’empereur lui-même, c’est-à-dire sur Alexis Comnène.
Mais voilà qu’au moment où les vainqueurs se partagent les dépouilles des vaincus, les Comans arrivent. On avait demandé leur concours et ils prétendent à leurs portions du butin. Les Valaco-Patzinaces, ayant vaincu seuls, veulent avoir seuls toutes les dépouilles. Mais plus tard, au moment où Alexis Comnène avait réuni toutes ses forces à Lébune, près de Didimotique, ces Comans lui offrent subitement leur concours. Attaqués de deux côtés à la fois et accablés de soif, les Valaco-Patzinaces déposent les armes. Chaque soldat grec avait trente prisonniers. Se voyant incapable de garder tant de monde, ils se mettent à les égorger durant les ténèbres de la nuit. Cependant l’empereur est éveillé en sursaut, dit Anne Comnène, et va faire cesser la boucherie. Ceux qui n’avaient pas été mis à mort furent envoyés à Meglène à la seule condition de fournir des secours au Bas-Empire.

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Mesazh i vjetër 18 Maj 2007 21:18
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Chapitre 34

Evénements de l’Albanie septentrionale et de l’Albanie centrale - siège de Raguse par Bodin - siège de Durazzo par Bohémond

Reprenons maintenant l’histoire de la haute Albanie au point où nous l’avons laissée (1047). A la mort d’Etienne Dobroslave, le duché de Scodra resta à Rodoslav, un de ses fils, qui en fut momentanément dépouillé par Michel, un de ses quatre frères. Mais il en reprit ensuite possession, et on pense que ce fut à la prière du Pape Grégoire VII, car devenu archijupan de Rascie (Vieille Serbie), Michel demanda à ce pape le titre de roi. Grégoire le lui accorda, mais à certaines conditions, entre autres, qu’il restituerait à son frère le Duché de Zeta ou Scodra (1077).
Les chroniqueurs grecs disent qu’après avoir fait la conquête du Duché de Scodra, Nicéphore, gouverneur de Durazzo, avait pris des otages et mis des garnisons en plusieurs villes. La chose est possible. Mais d’autre part, il est certain que les Grecs n’yrestèrent pas longtemps, car bientôt après, Bryenne lui-même eut besoin de ses troupes contre Michel Parapinace (1078), son compétiteur.
Quoiqu’il en soit, c’est à Rodoslav que Nicéphore Bryenne aura fait la guerre, le même Rodoslav qui fit évader Bodin, son neveu d’Antioche. Du consentement de son père, Bodin s’était mis à la tête des troupes bulgares qui demandaient un roi, mais ayant été pris à Uscup (Scopia) par les Grecs, il fut relégué à Antioche d’où Rodoslav le fit évader par le moyen des négociants vénitiens .
Elevé ensuite sur le trône de Serbie, Bodin fut plus qu’ingrat envers les enfants de son bienfaiteur. Non seulement il les dépouilla de leur duché, il en fit même égorger deux. Et parce que Raguse refusa de livrer les autres, il assiégea sept ans cette ville généreuse.
C’est à l’instigation de sa femme Jacinthe, fille d’Agryre, un Grec de Bari, que Bodin violait ainsi les droits les plus sacrés. Ces crimes et d’autres ne restèrent pas impunis. Ils avaient pour but d’assurer le trône aux enfants qu’il avait eus de cette femme ambitieuse. Mais lorsqu’il mourut (1103), les grands du royaume la chassèrent, elle et son fils Michel II.
La Chronique de Dioclée, à laquelle nous avons emprunté la plupart des détails qui précèdent, veut que Durazzo ait été enlevé par Bodin aux Normands, et par Bodin livré aux Grecs en retour de nous ne savons quels avantages territoriaux.
La version d’Anne Comnène est différente. D’après cet écrivain romancier on y aurait d’abord égorgé la garnison à l’instigation des négociants de Venise et d’Amalfi, ensuite on se serait donné aux Grecs pour éviter un châtiment.
Toujours est-il que Durazzo rentra au pouvoir des Grecs et que Bohémond, à son retour de la croisade, va s’efforcer de la reprendre.
Pour prix des importants services rendus à la première croisade, Bohémond avait obtenu en Orient la Principauté d’Antioche. Mais voyant qu’Alexis Comnène continue de faire aux croisés une guerre déloyale, il se fait mettre dans une caisse mortuaire percée des trous nécessaires à la respiration, et traverse la croisière byzantine sur un vaisseau pisan.
Arrivé en Italie, il court épouser la fille du roi de France. Puis à son retour, il dénonce au pape l’armée grecque, comme un composé d’infidèles, de Patzinaces, d’Uses, de Comans et de Turcs. Effectivement l’armée grecque n’était pas alors autre chose.
Franchissant bientôt après l’Adriatique à la tête de 60,000 fantassins et 10,000 chevaux, il veut enlever Durazzo aux Grecs.
Malheureusement pour lui, les villes en Albanie avaient été pourvues de tout. On attribue même aux murs de Durazzo une largeur telle que quatre chevaux pouvaient y marcher de front. Sans doute que pour Bohémond le meilleur, le plus facile eut été d’enlever l’Albanie aux Grecs. Son armée en imposait tellement à l’empereur byzantin qu’il n’osa pas quitter son camp de Dévol (Gortcha).
C’est de là qu’au rapport de sa propre fille, Anne Comnène, Alexis écrivit partout des fausses lettres afin de rendre Bohémond suspect, mais aucun des officiers italo-normands ne fut victime de cette imposture byzantine. Finalement, une convention eut lieu entre Alexis et Bohémond (1108). Mais le texte ne nous est venu que falsifié par les Grecs, et on ignore au juste comment tout se passa.
Seulement on voit que Durazzo resta aux mains des Grecs et que la principauté d’Antioche fut agrandie de plusieurs districts, mais les Grecs n’ayant pas ensuite rempli les conditions du traité, Bohémond allait repasser en Albanie quand la mort vint terminer sa vie orageuse.

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Chapitre 35

Tableau de l’administration byzantine en Albanie par Théophylacte, Primat d’Ochride

A notre connaissance, Théophylacte est le seul Grec qui nous dépeigne l’administration byzantine pour l’avoir longtemps vu fonctionner et pour en avoir senti le poids. Ses lettres sont un vrai trésor, et il est bien regrettable qu’à l’exception de Barvanius aucun savant n’y ait puisé.
Pour se faire une idée de la pitoyable administration byzantine, il faudrait les mettre à peu près toutes sous les yeux du public, mais notre but est trop restreint pour y puiser longuement. Puissent seulement les extraits que nous en allons donner faire inspirer à quelqu’un le désir de les traduire toutes.
Les lettres de Théophylacte ont été éditées sans date, mais toutes sont authentiques. Il les a écrites sous l’empereur Alexis Comnène (1081-1118). Les unes sont adressées aux principaux dignitaires de l’église grecque, les autres aux principaux personnages de la cour impériale.
De son temps, le siège patriarcal de Constantinople fut occupé par Come I déposé le 8 mai 1081, par Eustathe Goridas déposé en 1084, par Nicolas le Grammairien mort en 1111, et finalement par Jean IX. Ecrivant à l’un d’eux, Théophylacte s’exprime ainsi:
“Nos rapaces exacteurs ne laissent pas même au peuple ruiné les épines qui échappent à la faucille des moissonneurs. C’est à qui nous opprimera le mieux. Et ce métier d’oppresseurs, ils l’exercent avec un sans-gêne de malice et de méchanceté d’autant plus grand que l’âge et la prudence leur font plus défaut.
Si du moins leur malice vieillissait et si de fatigue elle s’imposait au moins quelque mesure. Mais non, chaque jour leur rapacité invente un procédé nouveau, chaque jour l’esprit de perversion pousse en leurs entrailles de plus profondes racines sans qu’un avis charitable ou la crainte des hommes puisse les retenir.
Chaque jour aussi on les voit ne s’étudier qu’à deux choses, mieux connaître les moyens de nuire et commettre plus hardiment l’injustice. Se permet-on de nommer l’empereur et de les menacer du glaive que Dieu lui donne pour contenir les méchants! Ils en font des gorges chaudes, tournent en ridicule la simplicité de qui leur en parle, et s’étonnent d’avoir eux-mêmes été autre fois assez faibles d’esprit pour croire à ce fantôme.
Leur parle-t-on de Dieu et de la Providence, ils s’en moquent et ils vous disent comme Pharaon aux Hébreux: c’est le travail qui vous manque. Plus occupés de travaux vous berceriez moins le peuple de fêtes et de repos (Exod. 5, 17). Sur quoi le travail redouble, c’est-à-dire qu’ils en deviennent plus acerbes, plus intraitables.
Et alors que voyez-vous? Des clercs battus et dépouillés, des paysans comptés et taillés jusqu’aux ongles, la terre mesurée avec tant de rigueur que le saut d’une puce ne puisse échapper à leurs calculs, et finalement des impôts tels qu’il ne reste aux cultivateurs que les chardons et les épines.
Ajoutez que les agents du fisc ont fait plus que s’approprier les biens de l’église. Ils s’arrogent en outre des prérogatives divines en sorte que pour me servir d’une expression de Job: celui qui hier encore était à peine un moucheron, se trouve aujourd’hui transformé en lion. Et chose plus étrange. Coupables et chargés qu’ils sont des abus les plus énormes, ils vous prétendent n’être pas même simplement répréhensibles.
Ils s’imaginent qu’un évêque nesaurait être pauvre, qu’il trouve une moisson abondante là même où aucune semence n’a été jetée en terre, que les fleuves lui charrient des lingots d’or, et que pour épurer cet or, il n’a pas même besoin de fourneau.
Un prêtre qui ne leur accorde pas tout ce qu’ils demandent n’est plus prêtre. C’est un impur, un ignoble, contempteur des choses divines, un homme uniquement occupé de lui-même, un être pire que le Démon.
Et non seulement les agents du fisc n’ont pas horreur de se porter contre les chrétiens à tous les excès que peut inspirer la rage d’une insatiable avarice, mais encore ils se font gloire des accusations que les évêques portent contre eux comme d’une recommandation.
Enfin ils s’imaginent avoir bien mérité de Dieu quand ils ont dépouillé les évêques et ruiné les églises.”
Répondant au grand domestique, Adrien, frère d’Alexis Comnène, Théophylacte lui écrit entre autres, “Ceux qui gèrent les affaires publiques sont plutôt des dévastateurs de provinces que des collecteurs d’impôts. Pour eux, les lois divines et les décrets impériaux n’ont aucune valeur, aucune force. A voir la manière dont les affaires des chrétiens sont administrées, on dirait qu’ils n’ont pas d’âmes et qu’ils n’ont pas été rachetés par Jésus Christ. Et non seulement le peuple est écrasé par les exactions des agents du fisc, mais le clergé lui-même est traité avec le dernier mépris.”
Dans une lettre au fils de Sévastocrator, frère d’Alexis Comnène, Théophylacte s’écrie: “Oh, mon très grand seigneur et protecteur, déjà vous avez fait un bien immense en ce pays. Vous avez rendu la vie à Prespa et à Dévol, districts de Prespa et de Gortcha. Quel danger n’y courait-on pas! L’évêque malgré son chrysobule ayant dû fuir, tout le monde s’était caché dans les bois. Quel malheur pour moi qu’il ne soit resté ni diacre, ni prêtre dans notre église jadis si florissante. Déjà on m’en avait parlé, et ce qu’on m’en avait dit, m’avait arraché des larmes. Depuis j’en ai été faire la visite, et y ai répandu les larmes sur l’état misérable où je l’ai trouvée.”
Dans la dix-huitième lettre éditée par Lami, Théophylacte supplie le fils du Sévastocrator d’avoir surtout pitié du district d’Ochride. “Ce district,” dit-il entre autres, “va disparaître de la Bulgarie si vous, mon très grand seigneur et protecteur, ne lui tendez une main secourable. Le pays est ruiné, les oliviers sont malades. De tous nos districts, c’est le plus misérable, et proverbialement on peut dire qu’il est à la Pélagonie (district de Monastir) ce que Miconi (île aride et sans eaux) est aux autres îles de l’archipel. Du reste,” ajoute Théophylacte, “sauver ce district d’une ruine complète, c’est rendre service même à tous les voyageurs qui sans cela n’y trouveraient pas les provisions nécessaires.” C’est par Ochride qu’on passait généralement pour aller et venir de Constantinople à Durazzo et à l’Adriatique. Chose curieuse!
Théophylacte insiste personnellement et les deux mandataires envoyés par le district au fils du Sévastocrator devaient insister non seulement pour qu’on n’augmentât point, mais encore pour qu’on diminuât le nombre des gendarmes qui ruinaient le pays. Inutile d’ajouter que les gendarmes du Bas-Empire ne valaient pas les cavas de l’empire Ottoman.

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Chapitre 36

Les impôts sous le Bas-Empire d’après Théophylacte - Théophylacte chassé d’Ochride

Parmi les lettres de Théophylacte éditées par Murcius, il s’en trouve deux, la 41 et la 43 relatives aux impôts et aux chrysobules émanantes de l’empereur en faveur des églises. Elles sont l’une et l’autre très longues et adressées la première à Nicéphore Bryenne, beau frère d’Alexis Comnène, et l’autre à Adrien, frère du même empereur.
Comme pour en bien connaître le sens il faudrait avoir fait de l’assiette des impôts une étude spéciale, nous nous contentons d’en extraire les passages les plus intelligibles, et ils serviront d’argument pour montrer que sous la domination turque, quelqu’en soient les défauts, jamais les populations et le clergé n’ont été victimes d’aussi criantes injustices que sous la domination grecque.
Et d’abord dans sa lettre à Bryenne, Théophylacte nous apprend que pour avoir réclamé contre les agents du Tise, il a été couvert d’un venin d’aspic à la cour de Byzance, qu’on a amèrement irrité l’empereur contre lui, et que dans l’esprit d’Alexis Comnène on a littéralement tué son église. “Or,” ajoute-t-il, “où est la cause de tous ces maux? Dans la cupidité insatiable et la méchanceté habituelle des agents du fisc, lesquels à force de brillants mensonges, de contes spéciaux et d’attestations fausses ont fait de moi un monstre tel que Briarée aux cents têtes et Typhon, dieu du mal, ne sont rien en comparaison de l’Archevêque d’Ochride. Et le but de ces inavouables manoeuvres, quel est-il donc? De mefermer la bouche pour commettre plus impunément et plus à leur aise toute espèce d’abus. Si du moins,” poursuit l’archevêque, “ils se montraient eux-mêmes au grand jour, ces hommes vraiment dignes du tartare et qui se font une idole de la calomnie! Mais non. Ils se cachent et mettent en avant un ex-fermier de l’église nommé Lazare, homme de basse extraction et qui se prête à tout ce qu’on veut.”
Ecrivant au frère d’Alexis Comnène, Théophylacte dit: “Vous connaissez Lazare, mais personne à Constantinople ne sait le mal qu’il nous a fait. Vous ignorez aussi que n’ayant pas de quoi s’acheter des habits, les agents du fisc lui en achetèrent de très beaux, de très précieux afin qu’il en impose davantage et qu’on accueille d’autant mieux ses mensonges qu’on le verra mieux vêtu. Tout dernièrement, par exemple, il m’attribuait l’embrasement d’Ochride. L’accusation était d’autant moins croyable qu’alors je ne me trouvais pas à Ochride et que d’ailleurs, m’attribuer l’incendie de cette ville équivaut à faire renverser leur propre ruche par les guêpes elle-mêmes. Or ces choses et bien d’autres, Lazare ne les fait pas de lui-même, mais à l’instigation tout ensemble du chef des exacteurs et de celui qui se voyant notre maître (le gouverneur) croit tout pouvoir se permettre envers nous...”
Mais revenons au contenu de la lettre à Nicéphore Bryenne. “Une fois sûr,” dit Théophylacte, “que les mensonges passent à Constantinople pour autant de vérité et que venant de notre part la vérité est accueillie comme un mensonge, Lazare s’abandonne à tous les mauvais instincts de sa nature. Et de quel mal, de quelle méchanceté la nature bulgare n’est-elle pas capable? S’abandonnant donc à toute sa perversité, Lazare s’unit d’abord aux Ochridiens pour nous créer des embarras, puis se dirigeant vers les campagnes, il ameute contre nous tout ce qu’il trouve d’hommes tarés, c’est-à-dire d’hérétiques, d’adultères, de polygames et de clercs interdits et excommuniés. A Constantinople il m’a fait perdre la confiance de l’empereur, ici il m’a fait perdre la bienveillance du gouverneur. A l’en croire, toutes les montagnes n’auraient été couvertes que de mes troupeaux. En outre, mes propriétés seraient immenses, je regorgerais de richesses. Je mènerais une vie de Satrape, et mon palais éclipserait en luxe ceux d’Ecbatane et de Suse.”
Que veut donc Théophylacte? Le respect des privilèges accordés aux ecclésiastiques et aux propriétés de l’église dont la protection et le soin lui incombent. Il veut aussi qu’on ne l’insulte pas, s’il demande uniquement ce qui lui appartient, et s’il dit un mot, lui archevêque et pasteur, en faveur des opprimés. Or,” poursuit Théophylacte, “que font les agents du fisc? Pour le droit de mouture, ils exigent des clercs deux fois plus que des civils, et pour le droit de canal à pêche ils exigent beaucoup plus encore.”
L’archevêque parle aussi d’un certain marais où le poisson était de venue chétive. “Or sur treize poissons le fisc en exigeait huit, c’est-à-dire à peu près les deux tiers. Bien plus, en d’autres endroits le fisc prenait une obole par poisson, et cependant un poisson ne se vendait qu’une obole. Enfin je connais cinq personnes,” dit Théophylacte, “que les agents du fisc ont forcées de payer l’impôt quoiqu’elles n’eussent rien d’imposable. Pour ce qui est des redevances qu’on doit payer à l’église, les agents du fisc s’opposent à leur prélèvement et ils menacent quiconque les acquitterait d’exiger ensuite eux-mêmes beaucoup plus qu’on ne doit. Après tout, répondent-ils aux observations qu’on leur fait, ne sommes-nous pas libres de faire ce que bon nous semble, d’exiger de l’un plus que de l’autre à titre de punition. En un mot,” dit Théophylacte écrivant à Bryenne, “ les ordres que vous aviez obtenus en notre faveur, ils ne les comptent absolument pour rien.”
Ce qu’il vient d’écrire à Nicéphore Bryenne, Théophylacte l’écrit sous une autre forme au frère de l’empereur, et il ajoute: “En ce moment, le chef des agents du fisc se dispose à envoyer Lazare à Constantinople, et à lui adjoindre quelqu’un de ses familiers. Déjà il leur a mis dans la bouche ce qu’ils auront à dire, et comment ils devront s’exprimer. Surtout il est deux choses qu’ils devront s’efforcer d’obtenir: un changement dans les dispositions de l’empereur envers moi et la révocation des ordres qu’il a donnés en faveur des églises.
Un jour, il se passa d’étranges choses à Ochride. Mais nous n’en connaissons ni la cause, ni les détails, le rapport où ils étaient consignés n’étant pas arrivés jusqu’à nous.” Mais Théophylacte en parle dans plusieurs lettres comme d’un fait personnel. Ecrivant à Nicolas Callicles, archimédecin d’Alexis Comnène, il lui dit: “Voulez-vous avoir une idée d’Alcméon que les furies poursuivaient en tous lieux après le meurtre de sa mère? N’allez pas la chercher dans la fable. Vous n’avez qu’à jeter les yeux sur moi. C’est en effet sur moi que s’acharne avec le plus de furie le bourreau de la tranquillité publique, la sangsue du pays. M’ayant chassé moi-même d’Ochride, j’ai voulu me rendre à pied à Pélagonie (ville aujourd’hui détruite à vingt minutes de Monastir), mais il en a été informé, et il s’est opposé à mon départ.”
Dans une autre lettre au Cartophylax, Théophylacte débute par ces mots: “Le fait qu’en plein hiver et par des routes si longues et si pénibles, j’envoie mon frère à Constantinople est déjà par lui-même une signe que nous sommes dans une situation fâcheuse, et que nous avons, mon très saint père et seigneur, un urgent besoin de vos prières. Depuis que j’habite les tentes de Cedar, j’avais traversé de bien pénibles vicissitudes et souffert de bien grandes afflictions. Mais l’amertume de celles que j’éprouve aujourd’hui égale en intensité le plaisir dont une âme est capable.”
Ailleurs Théophylacte se plaint de l’état des routes et d’absence de pont nommément sur le Vardar. Encore une fois nous ne voulons pas faire l’apologie de l’administration turque, mais les Grecs sont-ils bien recevables à tant la noircir? Et ne pouvons-nous pas, les lettres de Théophylacte en mains, demander au patriarcat grec si jamais un employé turc s’est conduit envers le clergé grec aussi brutalement que les employés byzantins, enfin si le favoritisme n’était pas plus commun, plus dévergondé à la cour du Bas-Empire qu’à la cour ottomane.

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