shaban_qosja
Anëtar Aktiv
Regjistruar: 24/08/2003
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Chapitre 36
Les impôts sous le Bas-Empire d’après Théophylacte - Théophylacte chassé d’Ochride
Parmi les lettres de Théophylacte éditées par Murcius, il s’en trouve deux, la 41 et la 43 relatives aux impôts et aux chrysobules émanantes de l’empereur en faveur des églises. Elles sont l’une et l’autre très longues et adressées la première à Nicéphore Bryenne, beau frère d’Alexis Comnène, et l’autre à Adrien, frère du même empereur.
Comme pour en bien connaître le sens il faudrait avoir fait de l’assiette des impôts une étude spéciale, nous nous contentons d’en extraire les passages les plus intelligibles, et ils serviront d’argument pour montrer que sous la domination turque, quelqu’en soient les défauts, jamais les populations et le clergé n’ont été victimes d’aussi criantes injustices que sous la domination grecque.
Et d’abord dans sa lettre à Bryenne, Théophylacte nous apprend que pour avoir réclamé contre les agents du Tise, il a été couvert d’un venin d’aspic à la cour de Byzance, qu’on a amèrement irrité l’empereur contre lui, et que dans l’esprit d’Alexis Comnène on a littéralement tué son église. “Or,” ajoute-t-il, “où est la cause de tous ces maux? Dans la cupidité insatiable et la méchanceté habituelle des agents du fisc, lesquels à force de brillants mensonges, de contes spéciaux et d’attestations fausses ont fait de moi un monstre tel que Briarée aux cents têtes et Typhon, dieu du mal, ne sont rien en comparaison de l’Archevêque d’Ochride. Et le but de ces inavouables manoeuvres, quel est-il donc? De mefermer la bouche pour commettre plus impunément et plus à leur aise toute espèce d’abus. Si du moins,” poursuit l’archevêque, “ils se montraient eux-mêmes au grand jour, ces hommes vraiment dignes du tartare et qui se font une idole de la calomnie! Mais non. Ils se cachent et mettent en avant un ex-fermier de l’église nommé Lazare, homme de basse extraction et qui se prête à tout ce qu’on veut.”
Ecrivant au frère d’Alexis Comnène, Théophylacte dit: “Vous connaissez Lazare, mais personne à Constantinople ne sait le mal qu’il nous a fait. Vous ignorez aussi que n’ayant pas de quoi s’acheter des habits, les agents du fisc lui en achetèrent de très beaux, de très précieux afin qu’il en impose davantage et qu’on accueille d’autant mieux ses mensonges qu’on le verra mieux vêtu. Tout dernièrement, par exemple, il m’attribuait l’embrasement d’Ochride. L’accusation était d’autant moins croyable qu’alors je ne me trouvais pas à Ochride et que d’ailleurs, m’attribuer l’incendie de cette ville équivaut à faire renverser leur propre ruche par les guêpes elle-mêmes. Or ces choses et bien d’autres, Lazare ne les fait pas de lui-même, mais à l’instigation tout ensemble du chef des exacteurs et de celui qui se voyant notre maître (le gouverneur) croit tout pouvoir se permettre envers nous...”
Mais revenons au contenu de la lettre à Nicéphore Bryenne. “Une fois sûr,” dit Théophylacte, “que les mensonges passent à Constantinople pour autant de vérité et que venant de notre part la vérité est accueillie comme un mensonge, Lazare s’abandonne à tous les mauvais instincts de sa nature. Et de quel mal, de quelle méchanceté la nature bulgare n’est-elle pas capable? S’abandonnant donc à toute sa perversité, Lazare s’unit d’abord aux Ochridiens pour nous créer des embarras, puis se dirigeant vers les campagnes, il ameute contre nous tout ce qu’il trouve d’hommes tarés, c’est-à-dire d’hérétiques, d’adultères, de polygames et de clercs interdits et excommuniés. A Constantinople il m’a fait perdre la confiance de l’empereur, ici il m’a fait perdre la bienveillance du gouverneur. A l’en croire, toutes les montagnes n’auraient été couvertes que de mes troupeaux. En outre, mes propriétés seraient immenses, je regorgerais de richesses. Je mènerais une vie de Satrape, et mon palais éclipserait en luxe ceux d’Ecbatane et de Suse.”
Que veut donc Théophylacte? Le respect des privilèges accordés aux ecclésiastiques et aux propriétés de l’église dont la protection et le soin lui incombent. Il veut aussi qu’on ne l’insulte pas, s’il demande uniquement ce qui lui appartient, et s’il dit un mot, lui archevêque et pasteur, en faveur des opprimés. Or,” poursuit Théophylacte, “que font les agents du fisc? Pour le droit de mouture, ils exigent des clercs deux fois plus que des civils, et pour le droit de canal à pêche ils exigent beaucoup plus encore.”
L’archevêque parle aussi d’un certain marais où le poisson était de venue chétive. “Or sur treize poissons le fisc en exigeait huit, c’est-à-dire à peu près les deux tiers. Bien plus, en d’autres endroits le fisc prenait une obole par poisson, et cependant un poisson ne se vendait qu’une obole. Enfin je connais cinq personnes,” dit Théophylacte, “que les agents du fisc ont forcées de payer l’impôt quoiqu’elles n’eussent rien d’imposable. Pour ce qui est des redevances qu’on doit payer à l’église, les agents du fisc s’opposent à leur prélèvement et ils menacent quiconque les acquitterait d’exiger ensuite eux-mêmes beaucoup plus qu’on ne doit. Après tout, répondent-ils aux observations qu’on leur fait, ne sommes-nous pas libres de faire ce que bon nous semble, d’exiger de l’un plus que de l’autre à titre de punition. En un mot,” dit Théophylacte écrivant à Bryenne, “ les ordres que vous aviez obtenus en notre faveur, ils ne les comptent absolument pour rien.”
Ce qu’il vient d’écrire à Nicéphore Bryenne, Théophylacte l’écrit sous une autre forme au frère de l’empereur, et il ajoute: “En ce moment, le chef des agents du fisc se dispose à envoyer Lazare à Constantinople, et à lui adjoindre quelqu’un de ses familiers. Déjà il leur a mis dans la bouche ce qu’ils auront à dire, et comment ils devront s’exprimer. Surtout il est deux choses qu’ils devront s’efforcer d’obtenir: un changement dans les dispositions de l’empereur envers moi et la révocation des ordres qu’il a donnés en faveur des églises.
Un jour, il se passa d’étranges choses à Ochride. Mais nous n’en connaissons ni la cause, ni les détails, le rapport où ils étaient consignés n’étant pas arrivés jusqu’à nous.” Mais Théophylacte en parle dans plusieurs lettres comme d’un fait personnel. Ecrivant à Nicolas Callicles, archimédecin d’Alexis Comnène, il lui dit: “Voulez-vous avoir une idée d’Alcméon que les furies poursuivaient en tous lieux après le meurtre de sa mère? N’allez pas la chercher dans la fable. Vous n’avez qu’à jeter les yeux sur moi. C’est en effet sur moi que s’acharne avec le plus de furie le bourreau de la tranquillité publique, la sangsue du pays. M’ayant chassé moi-même d’Ochride, j’ai voulu me rendre à pied à Pélagonie (ville aujourd’hui détruite à vingt minutes de Monastir), mais il en a été informé, et il s’est opposé à mon départ.”
Dans une autre lettre au Cartophylax, Théophylacte débute par ces mots: “Le fait qu’en plein hiver et par des routes si longues et si pénibles, j’envoie mon frère à Constantinople est déjà par lui-même une signe que nous sommes dans une situation fâcheuse, et que nous avons, mon très saint père et seigneur, un urgent besoin de vos prières. Depuis que j’habite les tentes de Cedar, j’avais traversé de bien pénibles vicissitudes et souffert de bien grandes afflictions. Mais l’amertume de celles que j’éprouve aujourd’hui égale en intensité le plaisir dont une âme est capable.”
Ailleurs Théophylacte se plaint de l’état des routes et d’absence de pont nommément sur le Vardar. Encore une fois nous ne voulons pas faire l’apologie de l’administration turque, mais les Grecs sont-ils bien recevables à tant la noircir? Et ne pouvons-nous pas, les lettres de Théophylacte en mains, demander au patriarcat grec si jamais un employé turc s’est conduit envers le clergé grec aussi brutalement que les employés byzantins, enfin si le favoritisme n’était pas plus commun, plus dévergondé à la cour du Bas-Empire qu’à la cour ottomane.
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